Un village, un passe, une richesse

Le temps des cromlechs et des Dolmens

Dominant les vallées fertiles, voyez ce décor providentiel de hauts plateaux, de pâturages d’altitude à perte de vue entre pic d’Urkulu et pic d’Okabe ; le lieu rêvé pour bergers et troupeaux, aussi loin que remonte la mémoire des hommes. Comme pivot de cet ensemble de landes battues par les vents, le pic d’Errozate, point culminant de la commune d’Estérençuby. A 1345 m, on trouve ici des cromlechs, ces cercles de pierre qui, avec ceux d’Okabe, sont connus comme étant les plus hauts du Pays basque Nord. Des pierres de 1m de longueur plantées verticalement dans le sol et disposées en forme de cercle autour d’une chambre funéraire où les fouilles ont permis de mettre à jour des restes de combustion, des ossements, parfois des objets. Des rituels d’incinération des défunts en pleine montagne accordés par les chercheurs aux bergers les plus illustres. Sur cette unique région, au mois 100 cromlechs ont été répertoriés. Ils démontrent l’existence en ces lieux de pratiques funéraires remontant à plus de 700 ans avant J.-C., selon les travaux mené par le Dr Jacques Blot sur site à partir de l’été 1976.

Quant aux dolmens, assez fréquents en Basse-Navarre, ils sont les témoins d’une occupation humaine encore plus ancienne, attribuée au peuple originel des Gentils, disparu à l’arrivée du Christianisme. Ces monuments servirent de sépulture pour inhumer les défunts, avec parfois nourriture et outils, durant plusieurs générations. La chambre funéraire était méticuleusement orientée vers l’est (le levant) et généralement enfouie sous un tumulus.

Ces vestiges protohistoriques sont la preuve irréfutable de la vocation pastorale séculaire de ces hautes terres.

le village

Aux portes de la frontière espagnole, des vallées profondes cisaillées par leurs cours d’eau, de hauts versants balayés par les vents ; le territoire actuel de la commune resta longtemps à l’écart des principaux axes de communication que furent les voies jacquaires ou les chemins de commerce.

La large vallée menant de Donapaleu (Saint-Palais) à Garazi (Saint-Jean-Pied-de-Port) fut au cours des siècles la pénétrante principale vers le pays de Cize, attirant dans son corridor la plupart des villages et services. Il n’y a que les bergers du pays de Cize qui poussaient leurs troupeaux vers l’herbe providentielle et les grands espaces offerts par l’Aezkoa, et tant pis si quelques représentants des autorités étatiques cherchaient à y tracer une frontière entre France et Espagne, ces landes et pelouses d’altitude étaient avant tout leur lieu de villégiature estivale, des terres indivises entre les habitants des communes concernées.

Estérençuby n’existait pas encore. Le fond de la vaste vallée de la grande Nive se trouvait à des kilomètres du premier clocher. Ainsi, le territoire de Saint-Michel s’étendait sur la rive gauche de la Nive jusqu’à Harpea, tandis que la rive droite faisait partie de la commune d’Aincille.

Sur ces hautes terres, on trouvait déjà des bordes, en quelque sorte des bâtiments annexes, rattachés à un corps de ferme de la vallée. Il s’agissait pour le troupeau et pour le frère cadet d’une étape intermédiaire entre la ferme, l’etxalde, et l’estive, bortua ; déjà le début d’une transhumance.

Cet habitat saisonnier et plus sommaire qu’une maison était exclusivement destiné à ces populations agro-pastorales. Il s’agissait d’un ensemble bâti à usage d’habitation et une petite bergerie construite également en pierres, comprenant aussi des îlots de pâture, un lieu idéal pour faire séjourner les troupeaux au printemps et à la fin d’automne.

Cependant, l’augmentation de la population modifia le peuplement de cette vallée. Des familles entières et nombreuses vinrent s’y installer. Évidemment, le droit d’aînesse en vigueur au Pays-Basque, sans distinction de sexe, attribua cet habitat à des frères cadets. Ce fut l’avènement de petits propriétaires fermiers. Et, comme les besoins d’instruction scolaire se firent sentir, finalement, l’ordonnance royale du 11 juin 1842 viendra reconnaître la nouvelle commune d’Estérençuby, qui compta 635 âmes, dès sa création.

Estérençuby est donc une commune « jeune » et sa construction se fit progressivement au cours des derniers siècles, avec encore l’ajout de six maisons du fond de la vallée de l’Ezterengibel, en 1958, jusqu’alors rattachées à Lecumberry pour la partie administrative (mairie), et au territoire d’Estérençuby pour l’église.

Extrait de l’article 1er de la 12 e loi du 11 juin 1842,

quote

« Les hameaux d’Esterencuby, d’Esterenguibèle et de Pagalcette, canton de Saint-Jean-Pied-de-Port, arrondissement de Mauléon, département des Basses-Pyrénées, sont distraits des communes d’Ahaxe, Ancille, Alciette-Bascassan, Bustince, Caro, Lecumberry, Mendive, Saint-Jean-le-Vieux et Saint-Michel, même canton, et érigés en une commune distincte, dont le chef-lieu est fixé à Estérencuby. »

Esterencuby

Pourquoi ce nom ?

Concernant la terminologie Estérençuby, on lit parfois que le nom de la commune vient de Ezterenzubi, signifiant le « pont de la gorge » en langue basque. Les colporteurs de la mémoire du village vous rétorqueront que ceci n’est pas tout à fait juste. Ce toponyme vient en fait de la présence lointaine d’un berger prénommé Extebe, qui a pris l’initiative d’abattre des troncs d’arbres pour les coucher en travers du ruisseau Ezterengibel, au débit parfois trop puissant pour passer à gué, facilitant ainsi le passage des hommes et des troupeaux venant du pays de Cize et de la vallée espagnole d’Aezkoa. Ce pont d’Extebe (exteberen zubia) a donné le nom au village malgré une légère déformation ; il n’est autre que le pont voisin de la mairie actuelle. Le quartier Ezterengibel (ou Exteberengibel) désigne quant à lui « la vallée derrière Extebe ».

La source d’Ugarre

Au début du XXe siècle, l’entrepreneur béarnais Jean-Baptiste Paris a un autre projet : utiliser les vertus antirhumatismales, cicatrisantes et purgatives de la source pour ouvrir un établissement thermal. A trois reprises, sa demande de concession sera rejetée par le Préfet. On parla également d’implanter des thermes à proximité de l’actuel restaurant des Sources de la Nive ; les difficultés d’implantation d’une canalisation anéantissent cependant le projet. Conjointement, Sauveur Haramburu, représentant les intérêts de la commune de Saint-Jean-Pied-de-Port, dont il en sera le maire, porte le projet de prospection, captage et acheminement de l’eau salée jusqu’à Saint-Jean où seraient installés des thermes. L’adduction de l’eau se heurte alors à des écueils juridiques et le début du conflit de la Seconde Guerre mondiale sonne le glas de tout regain d’exploitation.

 Aujourd’hui, les vestiges de la source sont retombés dans l’oubli, bien dissimulés sous les broussailles et les taillis, dans un vallon affluent de la Nive.

On raconte au village que, jadis, un vacher ne comprenait pas pourquoi ses génisses qui, devant pâturer sur les estives d’Irupile, redescendaient systématiquement vers le fond de vallée du ruisseau d’Ugarre. Il découvrit qu’elles étaient attirées par le sel contenu dans une source jusque là inconnue. Même si l’on peine à dater précisément sa découverte, la source apparaissait déjà sur les cartes de l’ingénieur Roussel en 1730. La source d’Ugarre fut aménagée, son puits partagé en 24 parts égales (comme un gâteau), dont les bénéficiaires étaient les familles d’Aincille (la commune d’Estérençuby n’existant pas encore). Cette eau salée providentielle a assuré l’approvisionnement en sel de toute la Basse-Navarre au XVIIe siècle, avec la création d’un grenier à sel à Saint-Jean-Pied-de-Port, servant dès lors à la conservation des aliments ou aux salaisons des jambons. La gestion collective de la communauté de propriétaire est mise à mal en 1683, lorsque l’autoritaire Louis XIV convertit le site par arrêté en saline royale. L’annonce de la spoliation ne manquera de générer un soulèvement populaire, réprimé dans le sang. Les propriétaires historiques choisissent alors la voie légale et inaugurent une nouvelle ère, celle de l’exploitation capitaliste de la saline, qui finira par s’étioler après la Révolution.

Le pastoralisme

L’économie locale d’Estérençuby fut basée très précocement et presque exclusivement sur l’activité pastorale. Les bergers français et espagnols conduisaient leurs troupeaux sur les montagnes frontalières, fort propices de part leurs étendues, la qualité de l’herbe d’altitude et es nombreuses sources.

Bien entendu, il fallut s’entendre très tôt entre acteurs de la valle de Aezkoa (versant espagnol) et du Pays de Cize (versant français) sur les zones de pacage, les dates de montées et descentes d’estives ou encore sur l’occupation des cayolars (cabanes). Ces accords pastoraux furent couchés sur le papier dès 1556, une de ces faceries (traités de paix) propres aux communes frontalières sur l’ensemble de la chaîne pyrénéenne (voir le texte suivant sur la frontière).

Au col d’Organbide, une stèle fut érigée récemment en hommage à ces accords pastoraux, dits « de soleil à soleil » (iguzkiz iguzki), car le pacage des bêtes n’était autorisé qu’entre le lever et le coucher du soleil.

Le monument est matérialisée par un cromlech reconstitué, doté d’un menhir central percé et gravé des inscriptions Aezkoa et Cize. Pour la symbolique, la présence du trou tient à attirer le regard vers la montagne et rappelle les conditions de ces accords : quand le soleil éclaire à l’ouest la montagne d’Urkulu, cela donnait le droit de conduire les troupeaux dans les estives pour la journée, et il fallait qu’il soit rentré lorsque la lumière du soleil couchant apparaissait à l’est sur l’Errozate.

De fait, de nombreux échanges entre bergers français et espagnols avaient lieu en pleine montagne. Un lieu de rencontre bien connu de tous était à zubi punta (la pointe du pont), le nom donné par les habitants d’Orbaizeta à une auberge à l’emplacement actuel du restaurant des Sources de la Nive. Le passage des bergers espagnols se faisait également pour l’hivernage en France, trouvant gîte et couvert à l’auberge du pont, quitte à laisser la totalité de la traite du jour en échange d’un repas.

La legende d’Anxo

quote

Il y avait jadis dans la montagne d’Estérençuby, quatre vachers localisés sur la frontière avec l’Espagne. L’un d’eux était un tout jeune garçon. On raconte que la nuit, lorsqu’ils étaient endormis, la créature légendaire Anxo (le nom local du seigneur sauvage Basa Jaun) avait pour habitude d’entrer dans leur cabane, de se chauffer au coin du feu et de manger les portions de nourriture que les bergers prenaient soin de lui laisser dans un coin de table.

Un soir, voyant que la part d’Anxo n’avait pas été préparée, le jeune garçon s’en inquiète auprès de ses camarades ; ils dénigrent alors le rituel et répondent au garçon de laisser sa part s’il le souhaite. Le garçon honore son engagement. Le seigneur sauvage vint dans la nuit comme à l’accoutumée, se réchauffa mais, peu rassasié avec une seule portion, il repartit en emportant les vêtements des vachers, sauf ceux du garçon.

Il neigea très fort cette nuit-là et les vachers, frigorifiés au petit matin, supplièrent le jeune vacher d’aller chercher leurs vêtements auprès d’Anxo. Terrorisé à l’idée de croiser le seigneur sauvage dans son repaire forestier, le garçon refusa la mission. Les trois bergers lui promirent alors une récompense, le don d’une génisse s’il s’exécutait. Générosité toute modérée puisqu’ils prirent le soin de choisir un piètre animal, maigre et sans descendance.

Le garçon part dans la montagne et, en s’approchant de la cachette de la créature, il crie et supplie Anxo de lui rendre les vêtements de ses camarades bergers. « Que te donne-t-on pour ta peine ? » lui répond Anxo. « Une mauvaise génisse » lui répond fébrilement le berger. « Tiens, voici leurs vêtements, mais prends aussi cette baguette de coudrier. Marque ta génisse et donne-lui cent et un coups de baguette, le cent unième plus fort que les autres. »

Le garçon exécuta au coup près les consignes d’Anxo. Et quelques jours après les cent et un coups de baguette, la génisse donna au jeune vacher un beau troupeau de cent et une belles bêtes.

La frontiere avec l’espagne

Les communautés agropastorales des deux versants des Pyrénées ont toujours eu pour vocation et habitude de conduire leurs troupeaux d’une pente à l’autre et d’échanger des produits artisanaux d’une vallée à l’autre, indépendamment des bannières étatiques.
Ainsi, même si un premier Traité des Pyrénées est signé le 7 novembre 1659 sur l’île des Faisans de la Bidassoa, entre Irun et Hendaye, il vient juste pacifier les relations entre royaumes de France et d’Espagne, mais il ne fixe pas pour autant la frontière avec précision. Le Traité se contente d’inscrire que la frontière suit « la crête des montagnes qui forment le versant des eaux », sans oser aller titiller des accords agropastoraux établis depuis la nuit des temps, les accords de lies et passeries (d’alliances et de paix). Sur Estérençuby, les écrits les plus anciennement connus remontent à une sentence de 1556, engagée entre le pays d’Aezkoa (versant espagnol) et le pays de Cize (versant français). Elle stipulait que « en vertu de la compascuité établie sur toute l’étendue de la frontière qui (…) sépare la vallée espagnole d’Aëzcoa de la vallée française de Cize et Saint Jean Pied de Port, les troupeaux de gros et de menu bétail, sans distinction d’espèce, appartenant à chacune des deux vallées, pourront rentrer pour paître et s’abreuver librement sur le territoire de l’autre, y demeurant seulement le jour, de soleil à soleil, et rentrant dans leur propre territoire pour y passer la nuit ».

La frontière telle que nous la connaissons actuellement, et telle qu’elle apparaît sur nos cartes, est l’héritage d’un second traité, le Traité de Bayonne de 1856, qui s’attacha à mieux définir la frontière entre la baie du Figuier et le pic d’Anie. Notamment suite aux campagnes désastreuses de Napoléon dans la région, il apparut nécessaire de « prévenir à jamais le retour des conflits regrettables ».

 

Cette fois, le tracé est affiné à la faveur des pics, crêtes et ruisseaux, et des bornes sont implantées dans la montagne pour matérialiser cet effort de précision. Seulement, fait rare à l’échelle des Pyrénées, mais partagé avec le Pays Quint voisin (Kintoa), il parut très délicat aux instances en charge de la définition du tracé de séparer, du côté de l’Aezkoa et de la Cize, des peuples unis depuis des générations et d’aller à l’encontre de ces fameux contrats pastoraux, en arbitrant clairement quelle montagne est française, et quel autre versant est espagnol. C’est pourquoi, sans aucune explication géomorphologique ou hydrographique, le tracé de la frontière sur la commune d’Estérençuby est fait de lignes droites, trois segments sur 4 km de déroulé, à mi-pente des estives pratiquées depuis toujours par les bergers, iguzkiz iguzki (de soleil à soleil).

La contrebande

Qui dit frontière, dit contrebande, concernant aussi bien les hommes que les femmes. L’idée générale étant que, lorsque l’on passait la frontière, jamais il ne fallait revenir à la maison les mains vides.

Distinguons toutefois « petite contrebande » du quotidien pour les tissus troqués contre de la volaille, le café, le sucre, le vin et les liqueurs, de la « grande contrebande » pour le plus gros des échanges illicites, qui concernait surtout le bétail. Des passages de mulets pour les travaux domestiques, et plus souvent de juments (ferrées et grasses), destinées à la boucherie. Chevaux et juments étaient attachés en colonne, la plus belliqueuse fermant la marche pour l’obliger à suivre le convoi. Astucieusement, on se servait de branchages en fin de colonne pour effacer les traces des sabots. Le passage des brebis se faisant de manière plus secondaire.

Au milieu du XX e siècle, de nombreuses familles se livraient à la contrebande, complément ou socle de revenus important, certains pouvant gagner trois fois plus d’argent à la passe qu’un artisan local à la journée. Organisé en équipes, chaque groupe de contrebande s’activait de nuit et avait ses passages, ses rituels impliquant chaque membre de la famille, de la confection des repas pris dans la montagne au guidage par tronçon, en passant par le rôle de guetteur.

De mémoire de contrebandier, « pour aller vers Orion, c’était presque le Tour de France ! ». Quelques Ezterenzubitar confient que les bergers espagnols, déjouant de leur côté les patrouilles douanières, avaient tendance à arriver en retard à la frontière et mettaient parfois en péril les délais de marche nocturne.

Avec une telle activité, des douaniers furent aussi dépêchés côté français, notamment sur les ponts, passages obligés, pour surveiller les allers et venues des troupeaux. Mais il en fallait plus pour étourdir la fine connaissance de la montagne des habitants ; les forêts discrètes et les cols méconnus continuèrent à faire le bonheur des passeurs.

En cas de saisi par l’administration d’un troupeau de contrebande, ce dernier était vendu aux enchères sur la place publique. Il se raconte que les meilleurs acheteurs de ces troupeaux, ironie du sort, restaient les responsables d’organisations de contrebande, qui se présentaient à la vente comme éleveurs aux bonnes capacités d’achat.

la resistance

Après la lourde défaite subie par la France en juin 1940, les forces d’Occupation du régime nazi firent subir les pires châtiments à nombre de citoyens français. Les Juifs étaient dans la ligne de mire, ils furent nombreux à vouloir quitter la France, en particulier en traversant les Pyrénées.

En juin 1942, la loi de dénaturalisation du régime de Vichy enlève la nationalité française aux familles de travailleurs immigrés italiens ou espagnols. Quelques mois plus tard, avec l’instauration du Service de Travail Obligatoire (STO) en 1943, c’est au tour des jeunes adultes, refusant le transfert en Allemagne pour aider l’ennemi, de chercher à passer la frontière vers l’Espagne. Même si, à cette époque, le régime franquiste en vigueur en terre ibérique ne présageait pas du meilleur accueil. Et puis, il y eut aussi un bon nombre d’aviateurs anglais qui, devant abandonner leur machine affaiblie sous la mitraille allemande, avaient pour consigne de passer la frontière pour rallier l’aéroport de Bilbao. Pour tous, sous l’Occupation, la fuite est gage de survie, franchir les Pyrénées devient une nécessité.

Pour les y aider, il faut des passeurs, de fins connaisseurs de la montagne prêts à guider ces fugitifs à la nuit tombée ou en plein brouillard. De véritables héros, des anonymes qui sauvent des vies quand la guerre fait rage, parfois au péril de leur propre vie.

Plusieurs réseaux s’organisent au Pays basque, comme les réseaux Orion et Brett Morton vers Garazi et Estérençuby, ou le réseau belge Zéro opérant avec malice entre une scierie de Mendive et la forêt d’Irati.

Les fugitifs ont trouvé au Pays basque nombre de cols et ports pour passer de l’autre côté de la frontière, mais ils ont aussi trouvé des Basques, des gens de cœur sensibles à leur détresse, prêts à mettre entre parenthèses leur fonction de berger, d’instituteur, de cafetier, de commerçant, de boulanger, ou encore de curé du village pour héberger le temps d’une nuit ces « gens d’ailleurs » et montrer la voie de l’exil par-delà les montagnes. Au bénéficie d’un certain isolement, plusieurs  cabanes de bergers, les tas de foin de quelques bordes et même des maisons de famille ont servi d’abri aux fugitifs, un engagement très risqué de la part des populations locales tant les patrouilles allemandes devinrent de plus en plus nombreuses.

Plusieurs noms de familles d’Estérençuby sont restés dans la mémoire collective comme très actives à cette période sombre de l’Histoire, des hommes et des femmes très impliqués dans ces actes héroïques de résistance et d’aide aux fugitifs, au paroxysme du goût et du devoir de l’hospitalité. Avec, pour seule explication, la formule en basque « jendia, jende » (tout homme est un homme).

Retour en haut